Thomas Sankara : 25 ans après, quel Héritage ?
Sankara avait dit de son vivant que la révolution ne pouvait pas se faire sans Blaise Compaoré. Il en était le pivot et le garant. A plusieurs reprises du reste, Thomas avait prévenu que si « Blaise devait tenter quoique ce soit contre la révolution, c’était inutile de s’y opposer ». Effectivement, ce fut ainsi. Le 15 octobre à la surprise générale, Blaise réussissait un coup d’Etat que l’on croyait à priori impossible. Sauf évidemment pour ceux qui étaient dans les secrets de Dieu, et qui après coup, le démontrent par le menu. Mais ce qu’il n’avait pas dit et qui est aussi une vérité, Blaise a éliminé physiquement Thomas, mais ne réussira jamais à se défaire de son fantôme. Il suffit qu’il apparaisse pour que quelque chose rappelle Thomas. En ce 25e anniversaire du 15 octobre, c’est donc le bilan de Blaise et le souvenir, chaque année indélébile, de Thomas qui se font la concurrence. Un combat dans lequel Blaise est forcément perdant. Il a eu le malheur d’avoir causé la mort de celui qui s’en était remis à lui. Ensuite il est aux affaires depuis maintenant trop longtemps. Les années passant, le souvenir de Sankara héros patriote et intègre contribue à obscurcir l’image d’un Blaise, dinosaure politique, rappelant douloureusement le prototype de « président fondateur du Gondwana », que la conscience africaine ne supporte plus.
25 ans après donc, Blaise s’impose, plus qu’il n’est accepté. « On fait avec », comme qui dirait, même si en dehors de Soro Guillaume, personne ne s’en réclame vraiment officiellement. Au niveau national, le travail de sape contre le souvenir de Thomas se poursuit, sans grand succès. C’est que les quatre années de son règne, ont profondément marqué les consciences. Politiquement, ces héritiers ou ceux qui s’en réclament, occupent encore le devant de la scène. C’est un Sankariste qui est chef de file de l’opposition. Peut-être plus pour longtemps…Mais là où il est impossible de gagner contre Sankara, c’est qu’il est devenu une « idée ». Sankara, c’est une certaine « idée » du « meilleur » tel que notre subconscient collectif, l’imagine. Le Burkina Faso « pays des hommes intègres », c’est pour longtemps lui qui l’incarne le mieux. Il est, sans exagération aucune, aux burkinabè, ce que Mandela est aux Sud africains.
Tema Bokin
"Les morts ne sont pas morts " a dit Biraogo Diop. C’est le cas de Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabè assassiné le 15 octobre 1987. Même les jeunes qui ne l’ont pas connu parlent de lui. A Sitoèga village natal de Thomas Sankara, situé à environ 93 km de Ouagadougou, les jeunes élèves en parlent, même si les témoignages sont peu précis. Tu connais Thomas Sankara ? avons-nous demandé à Ibrahim Ouédraogo, 11 ans "C’était… il a été … président du Burkina " répond-il. Comment le sais-tu ? " C’est notre maitre qui nous a dit ça à l’école ". Moi mon père a dit … que " c’est Sankara qui a planté l’arbre là-bas" renchérit Jérémy Sawadogo indexant un Nimier. Les souvenirs sont plus précis chez les adultes, ceux qui ont connu le père de la révolution : "Thomas Sankara nous a laissé comme enseignement l’intégrité. Il nous a enseigné également que seul le travail peut libérer l’homme. Aujourd’hui, malheureusement il n’est plus là mais…" maugrée, Adama Sawadogo, infirmier à la retraite. Les femmes au premier plan
Le 8 mars 1987 à Ouagadougou, soit sept (7) mois avant sa mort, Thomas Sankara disait ceci "Il n’y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence. J’entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte. J’attends et espère l’irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles d’opprimées" Des propos qui traduisaient sa détermination à faire de la femme un levier du développement. Aux dires des populations, Ernest N Ouédraogo a gardé la même vision des choses. "C’est le même combat qui continue avec les femmes. Souvent, il les convoque, chacune expose son problème et il leur donne des conseils. Dans chaque village, il y a deux (2) conseillers : un homme et une femme. S’il fait un regroupement et qu’il y a trois (3) hommes c’est qu’il y a quatre (4) femmes. Quand une aide vient à Bokin, ce sont les femmes qu’il convoque le plus souvent, mais rarement les hommes" a laissé entendre Liséta Sawadogo. Habibou Ouédraogo, 35 ans, ménagère soutient cette idée. "Le maire est très attentif aux doléances de nous les femmes. Il a même désigné une femme comme premièree adjointe (Il s’agit de Bintou Sankara. Elle était en déplacement à Ouahigouya à notre passage. Elle fait partie des 12 femmes sur les 48 conseillers que compte l’UNIR/PS. "Les femmes occupent une place importante dans son programme " a laissé entendre Abdoulaye Sawadogo. Impliquer les populations dans le développement Les populations de Bokin sont impliquées dans le développement local. " Mieux vaut faire un pas avec le peuple que 1000 pas sans le peuple " disait Thomas Sankara. Les conseillers restent les proches collaborateurs du maire. Ils sont également les plus proches de la population. Il n’y a que par eux que le maire peut toucher réellement les préoccupations de ses administrés. D’où le fait qu’il existe une certaine connivence entre les conseillers et le maire dans les prises de décisions. " Il écoute toujours les conseillers, les plus proches de la base, avant d’exécuter une décision " a indiqué Abdoulaye Sawadogo. Il s’agit d’un homme toujours ouvert. A n’importe quelle heure vous partez chez lui, il est toujours disponible à vous recevoir. Oscar Ouédraogo, ancien élève du lycée départemental de Bokin ne dit pas le contraire. " A chaque fois que nous passons pour lui présenter notre association (voir article Lycée départemental de Bokin) il est toujours disponible à nous recevoir et à nous donner des conseils. Il nous a toujours conseillé de ne pas mêler surtout la politique à notre association, même si chacun à son bord politique ". *Village français où repose le général De Gaulle Lycée départemental de Bokin Le samedi 25 avril 2012, l’association des anciens élèves du lycée départemental de Bokin (2A.ELDB) procédaient au lancement officiel des activités de commémoration du 25e anniversaire dudit lycée sous le thème : " Lycée départemental de Bokin, 25 ans : Bilan et perspectives ". En effet, c’est le président Sankara qui a déposé la première pierre de ce joyau en 1985 au temps fort de la révolution. Raison pour laquelle les anciens élèves de cette école disent que " la création du lycée a été une vision juste qui mérite d’être saluée ". Oscar Ouédraogo, président des 2A.ELDB, garde ainsi " l’image de quelqu’un qui voulait le bien de son peuple, qui avait fait du développement de son pays sa première priorité ". La célébration des 25 ans de ce temple de l’apprentissage du savoir visait deux objectifs à savoir, d’une part, évaluer la présence du lycée dans le paysage éducatif burkinabè et, d’autre part, réfléchir sur son avenir proche et lointain. Il s’agit pour nous de " fédérer les forces en rassemblant les anciens élèves dans le but d’améliorer le cadre d’étude des élèves et des enseignants " a fait comprendre Oscar Ouédraogo. Sans tomber dans le folklore, les organisateurs de cet instant d’introspection ont combiné entre autres sport, messes d’action de grâce et dons de sang. Le collège d’enseignement général (CEG) de Bokin, aujourd’hui lycée départemental de Bokin comptait deux (2) classes de 6e en octobre 1986. Il compte actuellement 16 classes de la 6e à la Terminale. Le lycée qui enregistrait à sa création une soixantaine d’élèves comptait à la date du 16 octobre 2012 environ 1053 élèves. Un chiffre provisoire en raison des nouveaux élèves qui arrivent toujours. Ce même jour, deux élèves y ont été transférés précise le proviseur Pierre Sawadogo. Au titre de l’année scolaire 2011- 2012, le LDB a enregistré 69 admis sur 139 candidats au BEPC et 9 admis sur 49 au Bac. Aujourd’hui le devoir appelle les anciens élèves du LDB à s’investir davantage pour de meilleures conditions d’étude aux générations présentes et futures. Ainsi, ils envisagent y " retourner à la fin de ce mois pour faire des dons de matériels informatiques et d’autres équipements importants " confie Oscar Ouédraogo. Déjà en 2011-2012 ils ont fait don de trente (30) tables-bancs pour l’ouverture de la classe de 1re A. Basidou KINDA
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