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Education


Message de nouvel an: De quelle éducation parle Blaise Compaore?

Comme à l’accoutumé, Blaise Compaoré a présenté ses vœux de nouvel an au peuple burkinabè. Annonçant ces ‘’grands chantiers’’ comme le disent certains, le président du Faso n’a pas occulté le volet éducation. En la matière, il a salué un certain nombre de réalisations. Mais à danser avant la musique on court le risque de se planter dit-on.

 

 

 

« La consolidation du capital humain reste un déterminant de l’émergence. Aussi, le Gouvernement poursuivra-t-il le vaste chantier de densification de l’offre d’éducation, de formation professionnelle et de santé. En ce sens, il convient de saluer l’évolution remarquable dans l’implantation des universités de Dédougou, de Fada N’Gourma, de Ouahigouya, et l’ouverture de nouveaux établissements ( ).» Il s’agit là de l’extrait qui nous a le plus marqué a l'occasion des Vœux de Blaise Compaoré du nouvel an 2013. Qui plus que lui pour savoir que pour atteindre l’émergence il faut résoudre les problèmes de l’éducation?  Personne, incontestablement! Mais la réalité est là devant nous. Les universités publiques et l’éducation dans son ensemble sont en proies à des crises diverses. L’Université de Ouagadougou, moins de 40 ans d'âge, mais déjà des problèmes d’infrastructures se posent avec acuité au point que des Professeurs en sont venus aux mains pour des problèmes de salles de cours. C’était en mai 2012. N’est-ce pas une honte dans un pays où le président est « élevé à la dignité de Grand Croix de l’Ordre International des Palmes Académiques du CAMES (OIPA/CAMES) » ? La plus haute distinction de cette institution. Mais quand on veut se plaindre, celui qui est censé modérer le débat public vous taxe de ‘’Jaloux’’ Jusqu’à présent les amphis que le président du Faso, « dans sa magnanimité  a bien voulu offrir » (les propos sont du ministre Moussa Ouattara)  aux universités publiques restent une promesse chimérique. A l’Université Ouaga 2, les étudiants ont pris la place des objets d’arts au SIAO pour manque de salles pour les contenir. Le site de cette Université à Gonsé, à une vingtaine  de km de Ouagadougou, dont la construction est lancée depuis 2008 reste une cabane des araignées. A l’Université Polytechnique de Bobo, selon le bimensuel Eveil Education, les salles de la RTB2 et un magasin de la Chambre de commerce de Bobo vont  servir de local pour les étudiants des 1res années 2012-2013 de  SJP et SEG en attendant la finition des amphis du campus. A l’Université de Koudougou, la grande majorité des étudiants prend les cours à la SAP, la société qui fabriquait les pneus.  Les  locaux de cette manufacture ont donc été transformés en salle de cours. Des infrastructures inadaptées. Quand il fait chaud, les salles sont des fours et quand il pleut, elles se transforment en piscine. Autant de problèmes qui attendent des solutions concrètes. Il faut craindre que tout ce que le président Compaoré a salué dans son message soit dépassé en un laps de temps, car ici au Faso on ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Et ce sera bonjour les cycles infernaux des problèmes qui vont conduire l’éducation burkinabè au panthéon de la médiocrité.

Basidou KINDA



10/01/2013
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Luc Adolphe Tiao a “yoyi”

 

beaucoup de paroles moins d'actes 

 

 

Le premier ministre Tiao a donné sa démission au Président du Faso ce jour 27 décembre 2012. Du son passage à la tête du gouvernement, il n’a rien pu faire en ce qui concerne l’éducation. Il est venu trouver les universités publiques en l’occurrence celle de Ouagadougou dans une crise, il est reparti de la même manière. Il avait promis de passer à l’Université de Ouagadougou même si les étudiants vont lui couper la tête. Des propos qu’il a tenus lors de la conférence de presse le 24 avril 2012 marquant son 1er anniversaire à la tête du gouvernement. Bien avant cela, il avait été annoncé maintes fois d’y passer mais que dalle. A la place de sa propre personne, il a mandaté son ministre de l’enseignement supérieur, Moussa Ouattara, le 22 mai 2012. Une visite qui a été marquée par une kyrielle de promesses dont la construction de sept (7) pavillons de 2 500 places par le gouvernement à hauteur de huit (8) milliards de francs CFA.  Les universités de Ouagadougou et de Ouaga II devaient bénéficier chacune  de deux (2) pavillons, l’Université polytechnique de Bobo en bénéficiera elle aussi deux (2) et  l’Université de Koudougou un (1). Des mois après et jusqu’au jour où il a présenté sa lettre de démission au Président du Faso, l’horizon de toutes les promesses reste sombre et les difficultés se posent toujours avec acuité dans les universités publiques du Burkina. L’Université de Koudougou a finit par succombé sous le poids de ces arias. A l’heure où actuelle, les nouveaux bacheliers ne savent quand ils vont entamer leur année universitaire 2012-2013. Ceux de 2011-2012 n’ayant pas encore fini, soient les cours et/ou les évaluations.  Nos dirigeants comprendront que le mot ‘’éducation’’ est très complexe à cerner dans leur entendement simpliste.

 

 

 

 

 

 


28/12/2012
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Université de Koudougou: Le verdict !

Le conseil de discipline de l’Université de Koudougou a rendu son verdict. Six (6) étudiants sont exclus définitivement des enseignements publics et privés du Burkina Faso.


Journée fatale à l’Université de Koudougou le 3 octobre dernier. Seize (16) étudiants ont, en effet, été sanctionnés en conseil de discipline. Sur les 16 étudiants, deux (02) ont vu leur session annulée tandis que les quatorze (14) autres ont écopé de sanctions allant de l’exclusion temporaire  de 1 à 5 ans à l’exclusion définitive des universités publiques et privés du Burkina (Voir liste). Ils sont « coupables d’actes d’indiscipline au sein du campus universitaire de Koudougou » selon déclaration portant sanction à l’encontre des dits étudiants signés le 3 octobre par le Pr Bila Gérard Segda, président de UK.  Par actes d’indiscipline on entend, « agression d’étudiants, d’enseignants et boycott des activités académiques » précise Francis Nikiéma, qui endosse la sanction maximale. Ce dernier, en plus de l’annulation des sessions de l’année académique 2011-2012 qui devaient lui consacré sa maitrise en histoire, il écope d’une peine d’ «exclusion définitive de tous les établissements d’enseignement supérieur publics et privés du Burkina Faso » Sur quelle disposition ce verdict sans appel est-il fondé ? A cette question, Francis Nikiéma répond : « c’est un nouveau décret ‘’anti-démocratique’’ de décembre 2011 et qui a été revu le 24 juillet 2012 ». Il s’agit du décret n°2012-646/PRES/PM/MESS du 24 juillet 2012 portant régime disciplinaire applicable aux étudiants et aux candidats aux examens et concours organisés par les Universités publiques du Burkina Faso.  Francis Nikiéma se retrouve dans cette situation parce que se serait par lui que le pire est arrivé à savoir « l’agression » le 4 septembre 2012 de Mahamoudou Oubda, enseignant et chef de département d’Histoire et Archéologie de l’UFR/ Lettres, Sciences Humaines et des trois étudiants dont Issaka Bako et Ibrahim Hema. M. Oubda l’aurait « calomnié d’avoir pris part à une évaluation pendant un mot d’ordre de l’ANEB, alors qu’il n’en était rien » dit l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB). N’étant pas d’accord avec cette « campagne d’intoxication », les membres de l’ANEB ont donc exigé que M. Oubda démente ou confirme ses propos en présence des étudiants. Et pour ce faire, le groupe l’aurait alors séquestré en l’amenant de force du deuxième étage au rez-de-chaussée par « la plus grande résistance. » 

La situation est loin de se limiter à ces sanctions. Déjà que le comité exécutif de l’UGEB appelle l’ensemble de ses sections à organiser des Assemblées générales d’explication et à observer un mot de grève de 24 heures demain jeudi 11 octobre 2012 dans toutes les Universités publiques du Burkina. En la matière, une note a été adressée au Ministre de tutelle, Moussa Ouattara pour l’en avisé. Les sections de l’UGEB de Paris et Dakar vont manifester également leur soutien à ceux de Koudougou a fait savoir Rodrigue Arnaud Tagnan, secrétaire à l’information de l’ANEB de la corporation de l’UFR/ LAC de l’Université de Ouagadougou. L’UGEB a aussi introduite, le 8 octobre dernier,  une requête d’audience auprès du ministère des enseignements secondaire et supérieur pour discuter de la situation qui prévaut à Koudougou. Dans l’après-midi du 8 octobre, le président de l’UK, Gérard Segda, a animé un point de presse sur les mesures prises. Pendant ce temps, les militants de l’UGEB sillonnaient les organes de presse à Ouagadougou pour remettre une déclaration de la structure livrant sa version des choses. L’UGEB dans sa déclaration exige l’annulation des sanctions « iniques » infligées à leurs camarades, le départ des forces de répression du campus de Koudougou et la reprogrammation des cours et évaluations boycottés par les étudiants.

Basidou KINDA

 

 

Listes des étudiants sanctionnés


Nom et Prénom (s)

   Charges

Sanctions

 

 

KANCO Esorboué

TAO Arouna

Attitudes de nature à compromettre l’action pédagogique : ont participé au boycott de certaines activités ;

Circonstances atténuantes : ont suspendu les activités de boycott du campus à un moment donné.

 

 

 

 

Annulation de la 1re session de l’année académique 2011-2012

HIE Karim,

DRABO Harouna,

ZERBO Seydou, PAGBELEM Koularé, ILLA Ismaël,

KINDO Assana, YAMEOGO Souleymane, NACANABO Madi

 

Attitudes de nature à compromettre l’action pédagogique : ont participé activement au boycott des cours et évaluations ; ont diffusé des fausses informations à leur promotion ; ont eu des attitudes, propos et comportements d’intolérance ayant entrainé un trouble à la vie administrative et académique.

 

- Annulation des sessions de l’année académique 2011- 2012

-Interdiction pendant cinq (5) ans au plus   de prendre des inscriptions et de subir des examens dans les établissements de l’Université de Koudougou

 

 

 

 

MANAKOUNOU Kadary, NIKIEMA Francis,

ELIOU Zila Gaston,

ILLA Obissa,

ZOEHINGA Bertin,

BAMBA Adama

 

Attitudes de nature à compromettre l’action pédagogique : ont participé activement au boycott des cours et évaluations ; ont eu des attitudes, propos et comportements d’intolérance ayant entrainé un trouble à la vie administrative et académique.

Attitudes, propos et comportements d’intolérance ayant entrainé un trouble à la vie administrative et académique ou causé un préjudice aux personnes.

 

Sévices moraux ou physiques exercés contre un tiers : agression et violence physique et verbale aux membres de l’administration notamment un enseignant et chef de département, directeur adjoint par intérim ; agression et violence physique sur deux étudiants ayant entrainé blessures et évanouissements. (Francis Nikiéma) instigateur et principal acteur de l’agression de  Mahamoudou Oubda, (…) le mardi 4 septembre 2012.

- Annulation des sessions de l’année académique 2011- 2012

- Exclusion définitive de tous les établissements d’enseignement supérieur publics et privés du Burkina Faso

Source : délibération n°2012-0001/MESS/SG/UK/CD du 3 octobre 2012

 

 



10/10/2012
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Annulation du Bac F3 dans quatre jurys : Que diable ces (erreurs de logiciel) qui énervent les candidats

 

 

« A César ce qui appartient à César. » Ainsi peut-on résumer les propos des candidats du baccalauréat série F3, électrotechnique, le vendredi 06 juillet dernier devant l’Office du baccalauréat à l’université de Ouagadougou. C’est ce jour là que les résultats du second tour du Bac session 2012 ont été proclamés. Une première délibération déclare ces candidats admis. La joie était à son comble. Mais quelques heures après, dans l’après midi, c’est la déception qui fait place à l’instant de bonheur. « On a arraché les listes » antérieurement affichées, affirment des candidats. A la place, on peut lire la mention suivante : « Information très importante. Jurys 73, 74, 75, 76 série F3. Suite à des erreurs constatées sur le logiciel, les délibérations du second tour de la série F3 sont annulées et seront reprises demain (c’est-à-dire le samedi 7 juillet) à 11heures. Nous présentons nos excuses à tous les candidats et parents d’élèves. » Colère des candidats. « Depuis quand on proclame le bac deux (2) fois ? » Entend-on dire. Les mécontents se sont alors constitués en groupe et encerclent l’office du baccalauréat aux environs de 20 heures. « Problème de logiciel ? On s’en fout, on veut nos bacs c’est tout ! ». « Qu’ils assument leurs erreurs ». Des propos qui fusent de toutes parts. Les plus radicaux scandaient : « on veut nos attestations ce soir ». Un ultimatum qui invite le jury à se décider au plus tard à 22h30. Il s’est alors attelé à respecter cette mise en demeure. Des parents d’élèves (deux femmes) sont également venues s’enquérir du problème. Après quelques minutes d’entretien avec le jury, elles ressortent et essayent de ‘’moraliser’’ la foule. L’une d’entre elles prend la parole : « A notre avis, le jury est préoccupé. Ils n’ont pas pris la chose à la légère. La situation est embarrassante pour le jury qui travaille pour trouver une solution qui va arranger tout le monde. Il faut surtout que vous vous calmiez pour que ça ne dégénère pas » Sa prêche était bien suivie quand elle ajoute la phrase qu’il ne fallait certainement pas : « Mais comme ils l’ont dit, c’est une question de logiciel (…) » Sur ces notes, les candidats l’ont interrompue. « La patrie ou la mort nous vaincrons ! » lancent-ils les points fermés. A 22h20, soit dix minutes avant le dead line (délai de mort) la tension atteint le summum quand ils entonnent des chansons révolutionnaires à l’endroit du jury sous le regard impuissant des agents (deux) de la police nationale. A 22h30 comme prévue, un meneur dépasse les agents de l’ordre et s’adresse au jury : « chez nous il est 22h30 » dit-il en indiquant l’heure sur son portable. « On arrive » répond le jury. Quelques minutes après, le jury se présente. « On se suit pour aller afficher les mêmes listes » lance un membre du jury. La joie explose. La victoire est célébrée au son des klaxons de motos. Les manifestants prennent la direction du LTO (lycée technique de Ouagadougou) leur centre d’examen. Mais seuls les jurys 75 et 76 auront affiché les listes cette nuit. Les supposés admis devaient repasser le lendemain pour le retrait de leurs attestations de réussite. Mais rien de cela n’a été effectif. D’où la dégradation de la situation le samedi matin. Les candidats ont bloqué le Boulevard Charles De Gaulle (intersection qui mène au LTO) obligeant les passagers à faire des détours. Il a fallu l’intervention de la CRS (compagnie républicaine de la sécurité) aux environs de 11h50 pour dégager la voie.

 

Basidou KINDA


02/10/2012
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Se soulager au campus: quelle corvée!

 

Il n’est pas facile de se soulager les jours non ouvrables ou fériés à l’Université de Ouagadougou. Malheur alors à celui qui pique la diarrhée dans ces conditions. 

Pour ceux qui savent, hier c’était ascension et donc jour férié. J’ai eu le besoin de me soulager à un moment donné de la journée. Mais Dieu seul peut témoigner de mon calvaire. Des toilettes de l’UFR/SEG  (Unité de formation et de recherches en science économiques et gestion à celles de sciences exactes et appliquées SEA en passant par les Lettres Arts et Communication LAC, toutes étaient fermées.

Mais rassurez-vous, je n’ai pas déféqué à ciel ouvert à même de polluer l’environnement universitaire. J’avais d’ailleurs faim et donc sentimentalement j’ai flatté mon ventre de conserver ce qui voulait prendre congé de lui afin de ne pas laisser un trou à l’intérieur. Vous-comprenez bien j’espère !

Bref ! Mais je vous dis qu’il y avait une fille dans la même situation que moi. J’ai vraiment eu pitié d’elle. Elle a fait le tour des toilettes jouxtant la bibliothèque centrale sans succès. Quelle souffrance ?

Du coup, j’ai commencé à soliloquer. Je me suis dit mais, pourquoi fermer les toilettes parce que c’est jour férié alors que  des milliers d’étudiants viennent bosser? Je comprends, vous pensez certainement que laisser les toilettes aux mains des étudiants, c’est la pire chose qui puisse arriver. Ils ne vont pas s’en occuper. Mais qui vous a dit de construire des toilettes de ce genre ? Vociférai-je à l’endroit de l’administration.  Au lieu de construire des toilettes simples vous faites des trucs trop protocolaires avec chasse d’eau qui ne sont pas adaptés à nos réalités sur le campus. On ne peut pas les utiliser quand il y a coupure d’eau. Nous on préfère la vieille bonne méthode : la chute libre.

Subitement, j’ai changé d’avis et me suis posé la question suivante : Est-ce que les étudiants sont blancs comme neige dans cette affaire ? Je ne pense pas. C’est d’ailleurs eux qui ont revendiqué ces nouvelles toilettes. Pourtant certains étudiants ne prennent pas le soin de tirer les fameuses chasses  quand ils finissent de se soulager. Bien que ce soit écrit noir sur blanc : ne pas tourner les têtes des robinets à l’intérieur ! Certains ne s’en fichent pas mal.  

Je me souviens qu’avec les anciennes toilettes, certains étudiants trouvaient les moyens de déféquer partout sauf droit dans le trou. Quand même ! Et c’est là qu’il faut comprendre pourquoi les nouvelles toilettes restent fermer quand les femmes qui en ont la gestion sont absentes. Comme ça été le cas hier. Beaucoup d’étudiants ne jouent pas bien leur rôle en termes de propriété.

Ce qui veut dire, que ce soit des toilettes où on se soulage à chute libre ou d’autres je ne vois qu’une seule solution : l’éducation des uns et des autres à l’hygiène sanitaire au sein de l’Université.

Basidou

 


02/10/2012
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An 3 du L.M.D: Une amère expérience en ST

Intégré au système Licence-Master-Doctorat (LMD) depuis le 9 février 2009, les ‘’cobayes’’ viennent d’entamer en avril 2012 leur deuxième  semestre de l’année académique 2010-2011. Cette  situation de grand retard est mal vécue par les étudiants. En tout cas, la croix du LMD est difficile à porter. Le bout du tunnel est loin d’atteinte et le tableau est de noir peint. Une immersion parmi ces étudiants en sciences et technologies (ST) permet de comprendre mieux leur ‘’chemin de croix’’.


Après un (1) an, c’est ce jeudi 3 mai 2012 que les étudiants en géologie (Licence 2) font leur premier cours de géologie appliquée. A 7h 5 mn, l’amphithéâtre J, une vaste salle située à la sortie Est du campus est presque vide d’étudiants. Qu’à cela ne tienne, le professeur Sèta Naba commence son cours à 7h 10 mn. Longitude, latitude, altitude et échelle ont constitué les maitres mots  de la séance. Une heure après, des retardataires indiscrets et souvent bavards arrivent encore. Sur les visages  se lit la démotivation et la fatigue. Les étudiants n’ont pas tardé à réclamer la récréation : « la pause, monsieur la pause » insistent-ils. Sous la pression, le professeur Sèta cède. Nous profitons interroger le délégué de la promotion. Yahaya OUEDRAOGO, de taille moyenne, sobrement vêtu et sûr de lui, nous confie  leurs préoccupations. « Nous sommes dans une situation excessivement critique parce que nous sommes entrain de vouloir finir l’année en Décembre selon les programmations des professeurs. Cela veut dire que nous ferons deux ans pour la même année académique ». Pendant l’entretien, un passant lance un mot à son délégué de classe « Il faut dire que nous souffrons et ils doivent bien noter cela ». A la reprise du cours à 8 h 50, les chaises vides se comptent encore plus. Interrogé sur la question relative à ces absences délibérées, le délégué répond tout simplement qu’ « ils sont allés vaquer à d’autres occupations ». En effet, au regard de leurs conditions de vie et d’études difficiles, beaucoup d’étudiants préfèrent faire de petites activités pour survivre. D’autant plus qu’ils ont touché pour la dernière fois à l’aide ou au prêt depuis septembre 2011, leurs poches sont trouées. Ce n’est pas  Kader NIKIEMA qui en dira le contraire. Avec l’accent de la diaspora ivoirienne, il emprunte une phrase de Houphouët Boigny pour illustrer leur situation. « Un sac vide ne reste pas débout, nous sommes obligés de faire des cours à domicile (CD) et de travailler avec les entreprises et les usines de la place pour se payer des souches de  tickets pour le RU. »

Problèmes infrastructurels

Sur le plan académique, les étudiants rencontres des difficultés exponentielles. Devant l’amphithéâtre un groupe d’étudiants discutent. A coté d’eux, un peu à l’écart un duo de fumeurs se coince la ‘’clope’’. Il s’agit d’Ismaël OUEDRAOGO et son compagnon. Il  estime que la documentation mise à leur disposition dans la bibliothèque répond quelques fois à leurs besoins même si elle est vieillissante. Pour les travaux dirigés (TD) a-t-il poursuivi en affirmant que « tout se passe bien avec l’aide des moniteurs. » Il a par ailleurs situé son inquiétude  au niveau des travaux pratiques (TP). Sur ce point Jean Martial BERE précise : « les salles réservées pour cet exercice sont trop  minimes par rapport au nombre d’étudiants. » En plus de cela il souligne le manque de matériels spécifiques à cette activité tels que les microscopes et le problème d’organisation. C’est là que se fait sentir la rage de Yahaya OUEDRAOGO.  « Si on veut donner une formation sérieuse aux étudiants et qu’en géologie il n y a que trois microscopes pour les travaux pratiques, si nous devons prendre cinq ans pour faire la licence, il faut être claire et oser le dire, nous avons été expérimentés par un gouvernement irresponsable » a-t-il martelé. Famana Kambiré en Licence 2, option mathématiques, nous peint également un tableau amer de cette expérience. Ils ont des difficultés avec les bibliothèques dont la centrale. « Comme nous n’avons pas encore fini notre année, on ne peut pas faire nos réinscriptions pour l’année 2011-2012. Cela fait qu’on ne peut pas renouveler nos cartes de lecteurs. La conséquence  est qu’on ne peut pas faire des prêts à la bibliothèque centrale. Quant à la bibliothèque départementale (SEA) il arrive qu’on veuille y bosser mais les gérantes ne sont pas là. Ou encore, elles peuvent dire qu’elles vont pour faire du sport, donc ferment la salle. » Pour certains cours de pratique ils ont des problèmes de salle qui  se posent. « Souvent on fait le cours théorique  en informatique. Mais pour la pratique, on peut arriver au centre des ressources informatiques de l’Université où on nous dit que c’est occuper » Le pire serait dans tout cela la connexion internet. On dira qu’avoir un ordinateur est une corvée mais avoir la connexion internet est aussi une corvée. « Avant des étudiants munis d’ordinateurs portables venaient profiter de la connexion wifi de SEA. Mais quand ils ont su, ils l’ont codé » regrette Kambiré. Le Foner aurait permis à ceux qui veulent de s’acheter des Clés de connexion. Mais ils sont loin d’avoir cette chance. Tant qu’ils ne finiront pas l’année académique 2010-2011 ils ne pourront pas s’inscrire pour 2011-2012 et donc bénéficier du Foner pour l’année en cours. Dans le système LMD, l’enseignant est supposé dispenser 25% du cours. Kambiré quant à lui, a le sentiment que les enseignants ne se donnent plus aux cours avec rigueur. Et certains ne tardent pas à dire aux étudiants que : « le cours est sur le marché ». Des cours qu’ils achètent effectivement entre 1000f et 2500f.  Au jour du 6 juin 2012, les étudiants en L2, option mathématiques, ont fini leurs devoirs mais « n’ont pas encore leurs résultats de la 1re session ». Pendant ce moment, une note administrative parle de cours pour la 3e année (L3) « pour ceux qui sont intéressés ». Mais pour Famana Kambiré, c’est peut-être ironique, mais « juste pour voir quelle sera notre réaction ».  Le système LMD rimerait, selon Kader NIKIEMA, avec « échec ; nous prenons de l’âge et nous n’avançons pas. Faire trois (3) ans pour deux (2) classes. »

BK et JE



02/10/2012
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Concours directs 2012 Vivre les réalités pour comprendre les difficultés

Deux heures vingt cinq minutes (de 11h 30’ à 13h 55’). C’est le temps que Soungalo Apollinaire Ouattara, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, a passé sous le soleil pour s’imprégner des réalités des dépôts des dossiers des concours 2012 dans le but de multiplier les guichets où besoin se fait sentir. En effet, le 10 mai dernier, soit trois jours après le début des dépôts de candidatures, le Ministre Ouattara, a effectué une visite éclair sur certains sites dont l’ISTIC, le stade du 4 aout en passant par le stade municipal. 

 

Le choix de ces sites se justifie par le fait qu’il s’agit « des sites à problèmes traditionnels » sinon, il y avait au total 15 sites avec 140 guichets répartis dans 30 jurys à Ouagadougou. La visite a commencé par le Centre d’Evaluation et de Formation Professionnelle de Ouagadougou. Il s’agit là d’un des centres de saisie des données des candidats à savoir le choix du concours et du centre, le récépissé et toute autre donnée indispensable sur le candidat.

Cette inspection du ministre sur les sites était plein de symbole pour les candidats de voir leur premier responsable venir vivre leurs réalités. C’était le moment pour les uns et les autres de poser leurs problèmes. Ils semblaient avoir les mêmes préoccupations notamment l’avancée ‘’ à pas de caméléon’’ des rangs. A ce niveau le ministre a été clair : « ce rythme est normal. Rien ne sert d’aller vite et commettre des erreurs de recensement. » A 12h 45, certains candidats disent être lassés d’attendre alors qu’ils sont là depuis 5heures du matin. Immédiatement, d’autres ont reconnu leur responsabilité à ce niveau : les intégrations (un candidat peut venir et par affinité s’aligner devant un autre). « Pour les questions d’intégration ça c’est nous même » a fait savoir un candidat. Et pour le petit test, le ministre demande à un postulant « tu es là depuis quand ? » Depuis 10 heures répond celui-ci. Alors que par derrière un autre fait savoir qu’il est là depuis 5heures. Et Soungalo Ouattara de leur demander une auto-discipline : « Nous comptons sur une jeunesse qui s’auto-discipline, qui se responsabilise ». Pendant ce temps d’autres prétendants se plaignaient du soleil d’aplomb sous lequel ils étaient arrêtés. Certes, il y avait des tentes (pour une 1re fois d’ailleurs mais elles ne pouvaient contenir tout le monde). Le ministre de la fonction publique a trouvé cette préoccupation au delà des moyens dont il disposait et dans un franc-parler a laissé entendre « je ne peux pas couvrir le soleil avec mes dix (10) doigts ».

Le ministre en tête en tête avec les candidats

Des problèmes de programmes ont également été évoqués lors de cette inspection du ministre. Des concurrents qui ont acheté des programmes aux abords des rues, se retrouvent désorientés. Cela a été le cas de Mohamed Dabré sur le site du stade municipal. Dans le programme qu’il tenait en main, il y avait par exemple des imperfections au niveau du concours des éducateurs sociaux. Selon le programme officiel, ce concours se fait à partir du niveau Bac assorti d’un engagement de servir cinq (5) ans en milieu rural. Dans le document de M.Dabré, il n’y avait pas d’engagement et le diplôme souhaité était le BEPC. Le ministre a profité de l’occasion pour attirer l’attention de tous les candidats de se référer toujours aux documents officiels. Ces programmes proviendraient du coté de l’immeuble Lamizana et le ministre de la fonction publique a fait savoir que cet immeuble ne sert plus de source pour une information officielle comme cela se faisait les années antérieures.

Les candidats ont posé également des questions relatives à la ‘’suppression’’ de certains concours (non programmés cette année)Réponse du ministre : cela ne s’est pas fait « de façon mécanique. Il s’agit de besoin administratif, une gestion prévisionnelle ». Une manière de dire qu’il ne suffit plus de recruter parce qu’il le faut mais parce que le besoin se fait sentir : « on ne peut pas ouvrir des concours où il n’y a pas de besoin » dit le ministre Soungalo Ouattara. Pour se faire comprendre davantage, il a pris le cas des gestionnaires des ressources humaines (GRH) dont le nombre est déjà pléthorique au point que certains d’entre eux sentent l’usure de l’oisiveté. Une autre raison avancée par le ministre de la fonction publique, est le coût exorbitant pour l’organisation des concours. Il serait alors irraisonnable d’organiser un concours pour une (1) ou deux (2) personnes qui va occasionner un coût aussi onéreux qu’un concours pour cent (100) personnes. Les concours à faible effectif se feront alors par accumulation pour gagner en termes de moyens. Le Ministre Soungalo Ouattara a tenu à rassurer sur cette nouvelle donne (la non ouverture de certains concours cette année) qui n’entrainera pas la réduction des postes à pourvoir. Loin s’en faut, l’accent sera mis sur un certain nombre de secteurs plus prioritaires à savoir la santé, l’éducation ou encore l’agriculture. Parlant de coût, on estime à 750 millions de francs CFA, l’organisation des concours de cette année. Au total, 51 concours sont ouverts pour 6000 postes à pourvoir. Et comme chaque année, le ministère évalue entre 150.000 et 200.000 candidats pour environ 500.000 candidatures. Cela est dû au fait que chaque postulant dépose au moins pour deux (2) concours.

Par Basidou Kinda


02/10/2012
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Université de Ouagadougou: L’ANEB impose sa loi au département de Lettres Modernes

Les étudiants de la 1re année de Lettres Modernes ont effectué leur rentrée universitaire 2011-2012 le 4 juin dernier. Après un an de ‘’chômage technique’’ passé à la maison,  c’est avec enthousiasme qu’ils ont fait leur entrée sur le campus de Zogona. Mais très vite des problèmes se sont posés avec leurs ainés de l’ANEB (association nationale des étudiants burkinabè). Ces derniers n’entendaient pas voir les bacheliers de 2011 débuter les cours alors que l’année universitaire 2010-2011 court toujours. Ils ont ainsi demandé aux étudiants de la 1re année  de les laisser finir leur année. «Il est même préférable que les bacheliers de 2011 restent à la maison en attendant qu’on trouve une solution aux problèmes » aurait déclaré un responsable de l’ANEB au Ministre des enseignements secondaire et supérieur, le Pr. Moussa Ouattara, lors de son passage à l’Université le 22 mai dernier. Le délégué de la 1re année, Olivier Kam, n’a pas cautionnée cette façon de voir les choses. Pour lui, leurs ainés « sont responsables du retard occasionné dans l’UFR/LAC (ndlr : Unité de formation et de recherche en lettres, arts et communication) et en particulier le département de lettres modernes ». Ce que soutient par le délégué intérimaire de la 2e année, Aziz Diabaté. Selon lui, le retard vécu est « une constipation des cours due à l’ANEB ». Une allusion faite à la grève de cette association estudiantine qui a mis au pilori les cours durant trois mois dans l’UFR/LAC. « Au lieu de faire une grève de courte durée, ils ont fait jusqu’à trois (3) mois » s’insurge ainsi Olivier Kam. Selon ce dernier, il s’agit d’un groupuscule qui a subi les conséquences du retard. En effet, justifie-t-il, « dès la reprise des cours en février dernier, les enseignants ont mis la pression pour évacuer les cours. De fait, certains n’ont pas su s’y prendre ». N’étant donc pas situés sur leur sort, les frondeurs ne savent pas s’il faut suivre les cours en 1re ou en 2e année alors que les cours ont commencé dans les deux promotions. «Et si on compose un devoir des deux cotés quel sort sera-t-il réservé à ceux qui ne sont pas encore situé par rapport à leurs résultats » s’inquiètent-ils. Mais, après avoir passé un an à tourner les pouces à la maison, Kam et les siens ne veulent plus se laisser conter : « il n’est pas question de suspendre les cours tel que souhaité. » Le problème s’est par la suite déporté entre les éléments de la promotion de la 2e année. En effet, dès que leurs résultats sont sortis, l’administration n’a pas tergiversé pour programmer les cours. Les recalés pour la session devaient attendre leurs résultats définitifs avant de débuter les cours. Ils ont donc jugé que cette manière de procédé ne les arrangeait pas. Mais pour l’ANEB: « il ne peut pas avoir de cours avant les résultats de la session » nous confie un militant. Pour lui, il n’est pas question de débuter les cours tant que tous les étudiants n’ont pas leurs résultats définitifs. La classe d’Aziz Diabaté était ainsi divisée en deux clans : d’un coté ceux qui étaient pour le début des cours (les plus nombreux) et de l’autre, ceux qui étaient contre. Mais avec la bénédiction de l’ANEB, la minorité s’est imposée. Ce qui fait dire à Diabaté, qu’il s’agit « d’une association qui n’a pas une notion démocratique de la gestion des étudiants » même si par ailleurs elle a le mérite tout en reconnaissant son mérite de se battre pour la cause des étudiants. Dans cette ambiance, les frondeurs ont boycotté à deux reprises les cours de la 2e année. Il s’agit du «cours introductif de poésie africaine francophone ». Un cours dispensé par le Pr Issou Go, directeur du département de Lettres Modernes. Avec la sortie des résultats de la session la semaine dernière, c’est finalement le lundi 18 juin dernier que la 2eannée a pu débuter de façon effective ses cours. Ce qui augure un période d’accalmie.


02/10/2012
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Crise de l’emploi au Burkina : Quand le chômage devient la règle

Environ 51% des jeunes de 15 à 29 ans sont sans emploi au Burkina Faso. 45% des demandeurs d’emploi ont un niveau secondaire et 20% un niveau supérieur. Ces chiffres de l’observatoire national pour l’emploi et la formation professionnelle (ONEF) donnent l’impression que les écoles ‘’créent’’ des sans-emplois à la charge de la société. Diplômés d’un système éducatif fondé sur le ‘’boilo’’ (l’apprentissage par le par-cœur), beaucoup de jeunes ont du mal à intégrer la vie professionnelle. Le chômage devient de facto, un passage obligatoire. Si l’auto-emploi peut être la panacée, il reste que son financement est un problème. D’où l’engouement pour la fonction publique.

 

« Cela fait deux (2) ans que je suis à la maison à ne rien faire ». Cette confession de Madame Ouédraogo rencontrée le 18 juillet à l’ANPE (agence nationale pour l’emploi) illustre bien la problématique de l’emploi et du chômage au Burkina Faso. Cette mère de trois enfants, est venue à l’agence pour s’imprégner des nouvelles sur l’emploi. « Je suis venue lire le tableau pour voir s’il y a une offre d’emploi qui m’intéresse pour ainsi postuler » Avez-vous trouvé une offre qui répond à votre profil ? « Malheureusement, il n’y a pas d’offre qui m’intéresse. Puisque mon âge est dépassé. (Ndlr : l’offre répondant à son profil limitait l’âge à 25 ans) » Une deuxième malchance pour cette diplômée, le BEP en poche. Ironisant sur son propre sort, elle lance : « le lundi dernier (le 9 juillet 2012), j’ai tiré un non » Il s’agit d’un principe de tir au sort, où les candidats tirent entre un oui et un non. Et ce sont ceux qui tirent le oui qui compétissent pour le poste demandé. Arouna Ouédraogo, environ 30 ans, a pris part à ce concours.

Il s’agit d’une offre de la Sonabel qui voulait 25 candidats pour 5 postes. Selon M. Ouédraogo, il y avait environ 950 postulants. Certains n’avaient pas leurs diplômes conformes (minimum le BAC ou le BEP étaient exigés). De ce fait, environ 650 candidats ont tiré entre le oui et le non. « J’ai été là-bas (à l’ANPE) de 7h à 14 h et j’ai tiré non » a dit ce titulaire d’une maîtrise en économie. Il semble ne pas être surpris de son résultat.« En fait, j’avais beaucoup de chance de tirer un non, parce qu’il n’y avait que seulement 25 oui à tirer pour 650 candidats » Pour ces chercheurs d’emploi, « il faut un lendemain meilleur » pour citer madame Ouédraogo. Chaque jour, ils font la navette entre la maison et l’agence pour l’emploi. Pacôme Zongo est un jeune homme de 26 ans. Il est venu pour prendre « la carte de demandeur d’emploi » de l’ANPE pour pouvoir postuler à des offres de son profil. Niveau terminale, il n’a que son BEPC en poche. Sa motivation,« c’est le manque d’emploi » dit-il. Pendant ce temps, Awa Traoré nourrit un petit espoir. Etudiante en 1re année de Sciences Economiques et de Gestion (SEG) à l’Université de Ouagadougou, elle a été retenue parmi 15 autres pour un (1) poste à pourvoir au sein d’une société privée de la place. « Nous étions 65 postulants. On voulait 15 pour un poste de comptable niveau BEP. J’ai été retenue » Mais elle se réserve de jubiler compte tenu du nombre de retenus et le poste à pourvoir. « 15 candidats pour un poste, ce n’est pas encourageant »

 

De potentiels candidats aux concours de la fonction publique

Ces demandeurs d’emploi semblent avoir beaucoup de points en commun. On retient qu’ils sont tous des candidats aux concours de la fonction publique. « On n’a pas le choix » se désole madame Ouédraogo. Tout comme Awa Traoré, elle a déposé trois (3) dossiers de concours de la fonction publique. Pacôme Zongo, lui en a déposé cinq (5). Le ministère en charge de la fonction publique n’en dira pas le contraire. Chaque année, il évalue entre 150.000 et 200.000 candidats pour environ 500.000 candidatures. Cela est dû au fait que chaque postulant dépose au moins deux (2) dossiers de concours pour environ 6000 postes à pourvoir. En 2010, l’Etat burkinabè a pourvu la fonction publique de 7 653 postes au concours directs. Tout compte établi, 103 de ces postes n’ont pas pu être comblés. Autrement dit, ce sont au total 7 550 nouveaux fonctionnaires (1 875 femmes et 5 675 hommes) qui ont été recrutés lors de ces concours directs. Le nombre de candidats ayant postulé aux offres d’emplois de la fonction publique en 2010 s’est élevé à 390 518 dont 135 999 femmes et 254 519 hommes. « Toute chose qui atteste que ces offres d’emplois semblent se noyer dans la vaste marée des demandes d’emplois qui augmentent d’année en année » selon l’ONEF.

  

Grande mobilisation des candidats aux concours 2012, symptomatique de la crise de l’emploi

 

Une mobilisation exponentielle

La quête de l’emploi connait une mobilisation forte de la part des demandeurs. A quelques encablures de l’ANPE, se trouve Human Project. Il s’agit d’un cabinet de Conseil en Ressources Humaines. Cette structure intervient également dans le domaine de l’emploi. Elle recrute au compte des sociétés ou entreprises qui expriment le besoin, des candidats répondant aux profils demandés. Selon la directrice, Euloge Alida Koudougou, la mobilisation des demandeurs est forte, tant du côté féminin que masculin, pour postuler aux différentes annonces. Le niveau d’études exigé est en général le supérieur, c’est à dire Bac + 2 ans minimum. « Beaucoup de jeunes sont au chômage » s’est désolée Madame Koudougou. Ainsi, certains n’attendent pas les appels à candidature. De leur propre chef, ils introduisent au sein de Human Project des candidatures spontanées dans lesquelles sont inclus leurs CV. Et au cas où il y a une demande répondant au profil de l’intéressé, le cabinet lui fait appel. Il s’agit de candidats dont l’âge des auteurs est compris entre 23 et 35 ans. Un intervalle qui signifie que le problème concerne majoritairement les jeunes. Dans cette cuvée, les femmes semblent être les plus touchées par la question de l’emploi. Selon la directrice, leur taux est estimé à environ 51% des demandeurs au sein de son cabinet. Le moins qu’on puisse dire déclare t-elle, c’est que « la demande est forte mais pas assez d’offre. Les entreprises ne prennent en moyenne par an que 10 personnes en CDI (contrat à durée indéterminée) » L’ANPE ne peut dire le contraire. De 2007 à 2011 elle a enregistré 46 232 demandeurs d’emploi pour 4533 postes d’emploi pourvus à travers les offres d’emploi traitées. Soit un taux de 9,80%. Cette réalité est loin de satisfaire les seuls diplômés de l’Université de Ouagadougou : environ 1600 diplômés de la maîtrise en droit et en économie par an. Face à cette situation, les jeunes sont prompts à sauter sur l’occasion qui s’offre à eux. L’exemple patent est l’enrôlement biométrique. Selon Hermann Bado, responsable marketing de Softnet, (cette structure était chargée du recrutement des opérateurs pour le compte de la CENI) « pour 12000 opérateurs demandés, il y a eu environ 20.000 postulants ». Le niveau requis était le Bac au minimum. Cependant sur le terrain, la grande partie des opérateurs ont un diplôme supérieur au Bac (licence ou maîtrise).

Selon l’Annuaire statistique du marché de l’emploi : Document d’analyse ; édition 2010 de l’ONEF, 21 % (20% édition 2011) de l’ensemble des demandeurs d’emploi ont un diplôme supérieur avec 36% de femmes contre 64% d’hommes. La région du centre bat le record avec une proportion des demandeurs d’emplois estimée à 65% par rapport aux autres régions. La région des Hauts-Bassins vient en deuxième position en termes d’effectif important de demandeurs d’emplois. Cette région a enregistré en 2010 au total 1 682 demandeurs d’emplois. La répartition des demandeurs d’emplois selon le sexe montre une supériorité numérique des Hommes par rapport aux femmes. En effet, les hommes représentent 71% (7 166) de l’effectif global des demandeurs d’emplois contre une proportion de 29% (2 915) femmes.

 

 

Frédéric Kaboré : « Le
système éducatif crée des
demandeurs d’emploi »

 

Un système éducatif fauché ?

La situation de l’emploi au Burkina Faso est marquée par un taux de chômage relativement faible de 2,4%, selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitation de 2006. Ce taux est de l’ordre de 0,6% en milieu rural et de 9,3% en milieu urbain. Au regard de ces chiffres, l’on pourrait dire que le chômage est un phénomène essentiellement urbain et touche principalement les jeunes. Ainsi, selon Frédéric Kaboré, directeur général pour la promotion de l’emploi, « en milieu urbain où le phénomène de chômage sévit le plus, près du tiers des jeunes de 15 à 24 ans n’ont pas d’emplois (29,4%). Le taux de chômage passe à 21,4% pour la tranche de 25 à 29 ans. » Et pourquoi ce constat ? Les différents acteurs intervenant dans le domaine mettent en cause le système éducatif burkinabè. Selon M. Kaboré, le problème est lié au manque d’expérience professionnelle dû à l’organisation du système éducatif qui ne combine pas enseignement théorique et formation dans l’entreprise (pour l’acquisition d’une expérience professionnelle) ; de l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail ; de l’insuffisance de la culture entrepreneuriale chez les jeunes diplômés ; l’insuffisance de financement en faveur de la création d’entreprise (auto-emploi). 

« Le système éducatif forme des demandeurs d’emplois et non des créateurs d’emplois » dit-il.

 

Changer la donne

Le gouvernement ne saurait rester indifférent face à cette problématique de l’emploi. De ce fait, il a adopté en 2008, la Politique Nationale de l’Emploi (PNE). Il s’agit d’une politique pour répondre à la nécessité de forger des instruments d’analyse et des outils de décision susceptibles d’inscrire dans le temps les actions à mener afin de réduire de façon substantielle le chômage, le sous-emploi et la pauvreté. Pour sa mise en œuvre quatre objectifs stratégiques ont été dégagés, à savoir : créer un lien entre la politique de l’emploi et les autres politiques nationales afin de clarifier leur interdépendance et de montrer les contributions potentielles des politiques macroéconomiques et sectorielles à la création d’emplois et à l’amélioration de leur qualité. Renforcer également la dynamique de la création d’emplois en utilisant des moyens d’actions spécifiques qui stimulent l’emploi et en améliorant la qualité. Ou encore, améliorer l’employabilité, c’est-à-dire d’une part améliorer l’accès à l’emploi grâce à la formation professionnelle, et d’autre part, améliorer l’adéquation entre la formation professionnelle et la réalité du marché du travail. C’est pour ces raisons que le Centre de Formation Professionnelle de Référence de Ziniaré et le Centre d’Evaluation et de formation Professionnelle de Ouagadougou ont été créés. Dans le même cadre de la PNE, le 24 Février 2012, a été lancé officiellement le Programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes (PSCE/JF) pour la période 2012-2014. Selon M. Kaboré, ce programme« constitue une solution au chômage et au sous-emploi et devra contribuer à la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi. » Le PSCE/JF vise un objectif à savoir la réduction du chômage et du sous-emploi des jeunes et des femmes : générer en moyenne 54 000 emplois, créer 10 000 occupations et former 45 100 jeunes diplômés et ruraux jusqu’en 2014. Tout un programme ! 

 

Par Basidou KINDA


02/10/2012
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Crise à l’Université de Koudougou: Mésentente autour du calendrier académique

L’Université de Koudougou était réputée pour son climat paisible au point que des bacheliers quittaient Ouagadougou pour aller s’y inscrire. L’Université de Ouagadougou étant devenue le quartier général des années anormales depuis la crise de juin 2008. Aujourd’hui, c’est l’Université de Koudougou qui est en proie à une crise opposant l’ANEB à l’administration. Raison de cette discorde, la question du retard enregistré dans le déroulement de l’année académique. Une situation que l’administration s’emploie par tous les moyens à normaliser. Ce à quoi s’oppose l’ANEB qui juge le procédé inefficace

 

 

« Le retard est structurel, il ne faut donc pas y répondre par des solutions conjoncturelles » Ces propos de Saidou Ganamé, président de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB/Koudougou) traduisent l’ambiance qui prévaut à l’Université de Koudougou. L’ANEB est en effet en désaccord total avec l’administration sur la question du retard, lequel retard se traduit par le chevauchement des promotions et la « prise en otage des vacances » dans l’unité de formation et de recherches en lettres et sciences humaines (UFR/LSH). Cette UFR est composée de cinq (5) départements à savoir Lettres Modernes, Psychologie, Géographie,

Pr. G. Segda,
Président Université
Koudougou

 

Histoire et Sciences de l’information et de la documentation. Le système éducatif burkinabè est en déliquescence depuis « l’entrée aveugle de notre pays dans le programme d’ajustement structurel » rebaptisé cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et actuellement stratégie de croissance accélérée pour le développement durable. Cette crise va s’enlisant de jour en jour compromettant la chance de réussite de milliers d’étudiants. « Ainsi, l’Université de Koudougou, depuis le mois de mai, l’UFR/LSH est en proie à un climat social dégradant du fait de la volonté affichée de son administration qui, …, refuse de résoudre les justes préoccupations des étudiants ». Selon son président, le Pr Bila Gérard Segda, « l’Université de Koudougou s’est engagée dans un processus pour résorber le retard afin d’éviter les chevauchements de différentes promotions au cours de l’année académique 2012-2013 et partant des années académiques à venir. » Dans cette optique, le conseil de la formation et de la vie universitaire (CFVU) a adopté le 12 juillet 2012 un Arrêté relatif à l’organisation des enseignements et des modalités pour astreindre l’ensemble des acteurs à s’inscrire dans une démarche qualité dans une synergie. De cet Arrêté, on retient qu’ « A la fin de la proclamation des résultats de la première session, les épreuves de la session de rattrapage peuvent être organisées dans les dix (10) jours qui suivent. Elles peuvent aussi être organisées suivant la gestion rationnelle du calendrier universitaire, à la fin de la proclamation des résultats du semestre pair suivant. Dans ce cas de figure, les deux sessions de rattrapage sont organisées l’une après l’autre sans interruption dans les 10 jours qui suivent la proclamation des résultats de la première du semestre pair. Il appartient à la direction et à l’équipe pédagogique d’en juger l’opportunité et la nécessité pour le choix. » Dans cette même logique, il n’y a de vacances, comme à l’accoutumée en Août, que si les cours sont finis. Il s’agit là de mesures que l’ANEB met en cause « jusqu’à interdire les cours sur le campus ». Selon l’organisation estudiantine, les étudiants ont déjà consenti beaucoup d’efforts. Par ailleurs, l’ANEB pense que les semestres sont distincts, au regard de ce qu’on leur aurait dit en début d’année à travers les conférences sur le LMD. « Les semestres sont distincts. Quand vous finissez un semestre, on organise une session et on délibère avant de programmer l’autre semestre. » Le retard selon les membres de l’association est du ressort de l’administration. « Combien de fois sommes nous restés à la maison par manque de salles, d’absence de professeurs, de simple problème de néon » s’interrogent-ils. Pour l’ANEB, l’Arrêté du 12 juillet 2012 « loin de vouloir rattraper le retard, vise à exclure les enfants du peuple de l’éducation et de la science. » En témoigneraient ces propos qu’ils attribuent à François Sawadogo, directeur de l’UFR/LSH qui aurait affirmé à l’audience du 8 août 2012 avec la direction de la corporation que « les taux de succès élevés remettent en cause la qualité des diplômes » Pour Monsieur Sawadogo, « ces propos n’engagent qu’eux » Avant de poursuivre : « Nous sommes dans une logique de faire fonctionner l’Université. Lieu où il y a la liberté d’expression. Et le socle commun, ce sont les textes. S’ils le contestent, il y a des procédures pour cela » A la question de savoir si les mesures prises ne visent pas à exclure le maximum d’étudiants, le président de UK aurait laissé entendre qu’ « il reçoit des instructions de la part du gouvernement de faire tout pour rattraper le retard et surtout que les étudiants ne soient pas sur le campus au mois de décembre* » C’est « un aveu de taille qui montre que le suicide que l’on nous demande ne changera rien au retard. Car rien n’est fait pour résoudre ses causes » Dans ce climat tendu, le président Segda a fait appel le 6 septembre 2012 à la compagnie républicaine de sécurité (CRS) pour maintenir l’ordre. Une décision prise conformément à l’article 39 du Décret n°2011-1132/PRES/PM/MESS portant régime disciplinaire applicable aux étudiants et aux examens et concours organisés par les Universités publiques du Burkina Faso du 30/12/2011. « Le président de l’Université peut faire appel aux forces de l’ordre en cas d’urgence mettant en danger des personnes ou menaçant la sécurité des biens sur le campus. Il en informe le ministre chargé de l’enseignement supérieur. »

 

 

 

Saïdou Ganamé, Président ANEB-Koudougou

 

 

 

Comment en est-on arrivé là ?

 

Selon la version de l’ANEB, les origines de ce climat délétère remontent au mois de janvier 2012. La direction avait opté pour une rentrée anticipée dans les premières années 2011-2012 d’Histoire et de Géographie pendant que les premières années 2010-2011 des mêmes départements attendaient les résultats de la première session de l’année 2010-2011. Après plusieurs audiences avec l’administration, cette anticipation est suspendue. « C’est alors que le président de l’Université, … reprocha à l’administration locale de trop collaborer avec les étudiants » souligne le président de l’ANEB. Et ce serait depuis lors que « toute mesure de l’administration se révèle être une imposition, une décision irréfutable, même celles mettant en péril l’avenir des étudiants ». Ils prennent pour preuves la situation en 1re année de psychologie. Dans cette promotion, des travaux pratiques seraient programmés du lundi au vendredi ainsi que le jeudi et le samedi. Les étudiants devaient composer trois (3) évaluations dont deux le samedi. L’ANEB a initié des démarches jusqu’à ce qu’un jour la direction de l’UFR leur dise « on ne va pas vous recevoir si ça concerne la 1re année de psychologie » Des propos que le directeur de l’UFR ne réfute pas. Mais il fait savoir qu’il a toujours été « disponible pour les recevoir. Seulement l’ANEB met en cause systématiquement les décisions de l’administration » Les étudiants de la promotion concernée se sont alors concertés et ont arrêté ce qui suit : « Quand on finit un semestre, on délibère. On programme ensuite la session dans un délai raisonnable et ils composent. Sans attendre les résultats de la session, ils sont prêts à commencer les cours du 2e semestre » Cette proposition a été soumise à l’administration qui n’aurait rien dit mais a mis plus d’un mois pour programmer la session. Le 11 juillet 2012, il y a eu une rencontre avec les délégués de la promotion, la délégation générale administrative de l’UFR, la direction générale de la corporation ANEB pour discuter des chevauchements des semestres et de la programmation des sessions. L’administration a ainsi suggéré la proposition suivante : « Après un semestre, on enchaîne avec l’autre. A la fin de l’année, on délibère les deux (2) semestres puis on programme les sessions en l’espace de dix jours » L’ANEB trouve que cette proposition n’arrange pas les étudiants. Selon elle, dans l’ancien système, en Lettres Modernes par exemple, avec 14 modules, les étudiants avaient un (1) mois pour préparer la session. Mais avec le LMD, il y a deux sessions dont 12 modules pour le 1er semestre et 10 pour le 2e. Dix jours ne sont donc pas suffisants pour préparer la session. En conclusion, ils disent épouser la proposition de la 1re année psychologie (déjà citée plus haut). Le 12 juillet, le président de UK organise un CFVU extraordinaire pour adopter le nouvel arrêté qui va régir le fonctionnement de l’Université. Un arrêté que l’ANEB met en cause dans la mesure où « les textes ont été reçus séance tenante. » Ainsi, les textes qu’ils jugent contraires aux intérêts matériels et moraux des étudiants n’ont pas été discutés, le président n’ayant pas attendu pour qu’ils en discutent. Le 19 juillet dernier, une nouvelle rencontre entre l’administration, les délégués de promotion, la délégation générale administrative, la corporation ANEB de l’UFR/ LSH a eu lieu. Il s’agissait pour la direction de l’UFR de donner le contenu des textes adoptés au CFVU et de dévoiler le nouveau calendrier académique « dans lequel il ne figure pas de vacances en août (les vacances c’est quand les cours et les évaluations sont finis) » Pour le directeur de l’UFR, ils n’ont « jamais remis en cause le principe, dans sa déclaration sur la situation le 14 août (il a eu deux déclarations sur la crise dont le 14 août et le 6 septembre), « des étudiants se sont d’ailleurs félicité de cet aboutissement » dans la mesure où « il s’agit d’un calendrier de rattrapage qui a été revu et adopté en prenant en compte les préoccupations des étudiants ». Le 2 août 2012, l’ANEB demande une audience avec l’administration pour en discuter mais en vain. Ainsi, le 4 août dernier, s’est tenue une Assemblée générale des étudiants de l’UFR sous la direction de la corporation de l’ANEB. Après analyse de la situation, l’assemblée générale a décrété un mot d’ordre de grève de 24 heures le 8 août suivi d’un sit-in. Le 9 août, le président de l’Université reçoit la corporation LSH de l’ANEB et le comité exécutif. Il aurait reconnu « la légitimité des revendications des étudiants. » Mais il leur aurait demandé de « faire plus d’efforts pour rattraper le retard. » Mais pour le président de l’ANEB, « si les étudiants vont continuer à porter le fardeau à un moment donné, ils n’auront plus de cou pour le porter » En assemblée générale, les étudiants proposent que les vacances aient lieu du 15 août au 15 septembre 2012. Chose que l’administration n’a pas acceptée, conformément à la loi n° 025-2010/AN. « Depuis quand les étudiants imposent au corps professoral une date de vacances » s’est interrogé Monsieur Segda dans sa déclaration du 14 août. Et de poursuivre : « Même au secondaire ils ne fixaient pas à leur convenance les dates des vacances sans tenir compte de la direction ou du corps professoral ! De plus, il est très important de souligner que la loi n° 025-2010/AN portant régime juridique applicable aux emplois des enseignants-chercheurs, (…) prévoit à son article 74 deux (2) mois de congés consécutifs dont la période est fixée par le ministre. (…) C’est parce que les professeurs vont en congés que les étudiants en profitent également. L’inverse n’est pas prévu par la loi. » En dépit de tout, les étudiants en assemblée générale le 30 août décident d’aller en vacances le 1er septembre et ce jusqu’au 1er octobre 2012.

Un enseignant violenté ?

 

Selon le président Segda dans sa déclaration du 6 septembre 2012, dès le samedi 1er septembre, des étudiants se sont vu interdire l’accès des salles de classes par des éléments de l’ANEB. Une action qui se serait poursuivie le lundi 3 septembre. Mais cette fois-ci l’accès est coupé aux étudiants et aux enseignants. C’est ainsi que des étudiants en 2e année d’Histoire qui seraient mécontents de l’attitude de l’ANEB ont décidé d’exprimer leur indignation au niveau de l’administration. Mais celle-ci est arrivée à les calmer en leur demandant de rentrer chez eux et de revenir le lendemain. Le mardi 4 septembre donc, se tenait dans le bureau du directeur de l’UFR, une réunion de l’équipe pédagogique en rapport avec la situation de la crise. Les étudiants désireux de faire cours viennent pour être reçus mais des éléments de l’ANEB postés autour du bureau de l’administration leur auraient bloqué l’accès. Informé de la situation, François Sawadogo, le directeur de l’UFR mandate Mahamadou Oubda, chef de département d’Histoire et Archéologie d’informer les étudiants de partir car la réunion allait durer. C’est donc au moment où il est sorti qu’il a été pris à partie par les éléments de l’ANEB. Le groupe l’aurait alors séquestré en l’amenant de force du deuxième étage au rez-de-chaussée. Un acte « inadmissible » selon le directeur de l’UFR. Car pour lui, l’Université est un cadre démocratique et « on ne doit pas dépasser le choc des idées » Trois autres étudiants ont été tabassés au point que « l’une de ces victimes (Issaka Bako dit Chacoul en 2e année d’histoire) s’est évanoui sous la violence des coups et n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des sapeurs pompiers ». Selon ces trois (3) étudiants, « on n’était pas contre leur mot d’ordre. On était venu pour trouver un compromis avec l’administration » Sur ce cas d’agression, l’ANEB a aussi sa version des faits. Pour elle, le Sieur Oubda aurait « menti » pour saper leur lutte à l’égard des autres étudiants qui adhéraient à leur cause. Ce dernier aurait dit que « l’ex président de l’ANEB a contourné leur mot d’ordre de vacances pour aller composer un devoir le 30 août. » Aux yeux de l’ANEB, c’est une manière de radicaliser les autres. C’est ainsi qu’ils l’ont pris à deux afin qu’il apporte un démenti devant les étudiants. Ainsi donc le 6 septembre, le président de UK a « fait appel aux forces de l’ordre pour garantir un climat propice à l’exécution des activités académiques et pédagogiques d’une part et garantir une réelle sécurité aux personnels enseignants et administratifs d’autre part ». Au jour du 18 septembre elles avaient plié bagages, trois (3) jours après que l’ANEB ait suspendu son mot d’ordre de vacances le samedi 15 septembre. Notons que nous n’avons pas pu avoir la version de l’enseignant ‘’violenté’’. Une note administrative mentionne son absence du 15 au 30 septembre . Quant aux propos attribués au président de l’Université, ils n’ont p as été vérifiés. Le 18 septembre nous étions dans son bureau à 8heures. Mais son chef de cabinet prétexté un calendrier surchargé pour nous éconduire.

 

Par Basidou KINDA 

 

 

 

Des étudiants apprécient les revendications de l’ANEB : « C’est noble mais exagéré »

 

A entendre certains, tous les étudiants manifestaient le désir de finir les cours avant d’aller en vacances. L’ANEB aurait agi donc sans tenir compte de l’avis général. « Ils n’ont pas tenu compte de la masse, car disent-ils, ce n’est pas la masse qui fait la lutte » a déploré Daniel Bazié, étudiant en 3e année de SEG. Pour lui, les causes étaient nobles mais la lutte n’a pas été suivie dans la mesure où ¼ des étudiants de l’UFR ne sont pas sortis. Dans ces conditions, ils ont montré à l’administration qu’ils étaient faibles par derrière « Selon le nouveau calendrier, 90% des cours étaient effectués. Il y a des promotions qui ont demandé alors qu’on leur permette de finir leurs programmes avant d’aller en vacances » précise Sayouba Savadogo, LM3. Pour ces étudiants, la stratégie de lutte de l’ANEB n’est pas la bonne bien que la cause soit noble. D’où le fait que certains se sont résignés par la suite. « Au départ, j’étais pour l’ANEB. Parce que le chevauchement des sessions est contraire aux textes, la question des congés contraire également aux textes, les dix (10) jours pour composer les sessions » a dit Delphine, étudiante en Histoire. Et d’ajouter la cause c’est : « le manque de matériels, la disponibilité des enseignants ou des salles » Elle regrette tout de même la poursuite de la lutte d’où son désaccord avec l’ANEB. Dans ce climat, notons que certains étudiants préfèrent ne pas prendre position. C’est le cas d’une étudiante en 2e année géographie qui a préféré garder l’anonymat. Mais elle fait comprendre tout de même que « L’ANEB protège les intérêts des étudiants. Certes, il y a le retard, mais il faut un certain délais pour que le cerveau se repose : 10 jours pour préparer la session, c’est peu » On parle également des enseignants qui bloquent les copies tant qu’ils ne sont pas payés. De fait, on finit en novembre, les résultats tombent en janvier. Ils programment la 2e session en mi-février pour délibérer en mars. Résultat, la rentrée 2011-2012 s’est effectuée en avril. « Alors qu’ils payent les arriérés » a martelé cette étudiante. Mais en attendant, la 1re année de Lettre Modernes affiche zéro (0) admis à la session du 1er semestre composée le 10 août 2012 pour cause de boycott. Certains étudiants écopent d’un zéro (0) pour avoir boycotté un devoir le 10 septembre dernier. Ces mesures seraient conformes au texte du 9 décembre 2008 qui stipule que : « Toute activité boycottée pour fait de grève est considérée comme faite » BK

 

 

Conditions de vie des étudiants

Depuis le 31 août, les restaurants universitaires sont fermés. Le 5 septembre c’était le tour des cités. Une seule cité appelée Cité vacances fonctionne actuellement. Certains devant poursuivre les cours à l’UFR/LSH ou ceux qui préparent leur session en SEG sont obligés de migrer vers cette cité. « D’autres ont ramassé leurs affaires venir dans cette citée la nuit (celle du lundi 17 septembre 2012) » confie Bibata Sawadogo, étudiante en 3e année. « Entre 5 et 7 étudiantes sont arrivées ici (dans la villa qu’elle habite) hier et occupent les deux chambres qui restaient ». Dans ces conditions où les restaurants sont fermés la restauration est devenue un problème pour les étudiants. « On est obligé d’aller à la rue maintenant pour manger » souligne Bibata. Opportunités d’affaires pour les vendeuses de repas qui auraient augmenté les prix. « Avant on achetait à manger chez une femme à 200f le plat. Subitement aujourd’hui (date du mardi 18 septembre), c’est 250f » se plaint Jérémie Coulibaly, étudiant en 1re année de SEG. Jérémie à ses parents à Banfora. Il estime difficile pour lui de rentrer pour revenir en octobre. Il est donc allé à la cité vacances à 1000f le mois où il prépare la session du 2e semestre. Une situation difficile surtout sans le Foner. Sayouba Savadogo va encore plus loin. « La situation est difficile dans une période de crise alimentaire. Beaucoup d’étudiants ont leurs parents qui sont au village. Du fait de la crise, ils n’arrivent pas à leur venir en aide. Ajouté au manque du Foner, la situation est très critique » a déploré cet étudiant en 3e année de Lettres Modernes. Dans ces conditions de vie et d’études, certains étudiants ont préféré faire de la main-d’œuvre. Karim Tondé et Joseph B. Bado, tous étudiants en 1re année de Géographie, sont de ces étudiants. Non loin de l’Université, il y a un chantier en construction. Ils y vont et gagnent 1500f /jour chacun. Ils ramassent la terre et creusent des trous à 1500f le mètre cube (m3) pour une profondeur de 2m. « Certains étudiants laissent les cours pour venir chercher l’argent de poche » fait savoir Bado. « Au regard de la situation, d’autres viennent me demander quelque chose et par solidarité je leur en donne si je le peux » a-t-il ajouté.  BK

 

 


02/10/2012
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