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Forum des corps constitués de l’Etat: Un cadre plus que le conseil des ministres

Le 6 novembre 2012 au palais des sport Ouaga 2000, c’est tenu le forum des corps constitués de l’Etat. Placé sous la présidence du président du Faso, cette assemblée a été l’occasion aux différents corps ont exposé de façon directe leurs préoccupation et doléances avec le chef de l’Etat et les membres du gouvernement. Blaise Compaoré jugeant le bien fondé de la tenue dudit forum, envisage  d’autres rencontres sectorielles qu’il présiderait lui-même. Quant au forum du 6 novembre dernier, il lui  a constitué un cadre de savoir plus  sur les réalités que vivent les populations.

 

 

«Pour gouverner il faut savoir. Ce n’est pas seulement en conseil des ministres qu’on peut savoir, mais aussi aux côtés de ceux qui sont sur le terrain… » Ces propos substantiels du Président du Faso, Blaise Compaoré traduit toute l’importance de la tenue du forum. Dans la mesure où, cela a été l’occasion pour lui d’entendre les difficultés que vivent les populations au-delà de ce qu’il apprenne au conseil des ministres. En tout cas, les problèmes on en a exposé telle une foire aux difficultés à travers 1500 délégués rassemblés en six (6) groupes dont le monde des affaires, les corps paramilitaires,  les organisations socio-professionnelles, les organisations de la société civile pour ne citer que ceux-ci.  Ces différents groupes ont posés des problèmes d’intérêt général soulevant des problématiques d’ordre national. On retient de fait quatorze (14) préoccupations majeures touchant des domaines tels que la santé, l’éducation, l’emploi, la sécurité publique et la lutte contre le grand  banditisme. Ils ont soulevé également des difficultés d’intérêts spécifiques c'est-à-dire la satisfaction des besoins inhérents à chaque groupe.  Pour le monde des affaires, représenté par Alizéta Ouédraogo (dit Alizéta Gando), a posé le problème de la fiscalité qui tenaille leur milieu. « Le monde des affaires estime que les procédures fiscales sont complexes, coûteuses et pas toujours adaptées aux réalités de certains secteurs d’activités dont les spécificités ne sont pas prises en compte » Dénonçant ainsi les tarifs exorbitants des différents taxes et impôts,  le monde des affaires tire les conséquences à savoir que « ces charges fiscales contribuent à baisser la compétitivité globale de notre économie » La fraude et la contrefaçon n’ont pas été occultés tant elles infectent « la vie socio-économique » du Burkina et surtout le « tissu industriel avec pour conséquences la diminution des recettes de l’Etat et des pertes importantes en chiffres d’affaires pour l’industrie locale ». Se sentant apostrophé,  le ministre de l’économie et des finances a reconnu la justesse des problèmes étalés mais a appelé à un certain réalisme. Pour lui, l’allègement de la fiscalité n’est pas mal en soi dans la mesure où elle fait «l’objet de concertation au niveau du gouvernement ». Il faut cependant « être réaliste et conscient dans que  le budget de l’Etat est financé essentiellement par la fiscalité. » Pour l’allègement donc, il faut « trouver le juste milieu » Quant à la fraude et l’incivisme, il a invité le monde des affaires à s’impliquer personnellement.

 

 

 

Balise Compaoré, président du Faso, saluant les pparticipants

 

 

Le Burkina produit des délinquants et des criminels

Des préoccupations majeures à celles spécifiques, la question de l’insécurité préoccupe. Les  corps paramilitaires sont au cœur de cet ennui qu’ils ont tenus à soulever. Les agents des eaux et forêts manquent de logistique dont des véhicules, des motos ou équipements de camping. Ce corps ne dispose que « d’un seul véhicule vieux de 8 ans, en mesure de sortir de Ouagadougou et d’y revenir en mode automobile » La douane, elle, révèle l’insécurité dans l’exercice des fonctions dont «les incitations à la violence contre les agents dans l’exercice de leurs fonctions ».  La police municipale se plaint également du manque de matériel (adéquats) de travail « au regard des missions à risques » Quant à la police nationale, elle dénonce « l’insuffisance d’équipements spécifiques, de protection, d’intervention dans tous les domaines d’intervention (gilets, pare-balles). » Le problème est d’autan plus crucial au niveau de leurs effectifs. Il ressort que « malgré les recrutements successifs de 815 nouveaux policiers par an depuis 2005, le ratio à relever d’un (1) policier pour 2000 habitants est loin d’être atteint alors que la norme conventionnée est d’un (1) policier pour 400 habitants ». Il n’en fallait pas plus pour que le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Jérôme Bougouma hausse le ton. « La lutte contre l’insécurité est une tâche permanente, sans répit. Notre pays évolue, s’enrichie et produit des délinquants et des criminels qui évoluent et s’adaptent. Ils sont devenus plus insidieux, ils sont plus violents. Les forces de l’ordre sont donc obligées de s’adapter et d’assimiler ces mutations pour rester  efficaces » Le contexte sous régional est l’une des raisons qui expliquent ces vicissitudes à en croire le ministre Bougouma. «L’environnement sous régional (est) marqué par la crise ivoirienne, la crise libyenne, la crise de 2011 dans notre pays, a accéléré ces mutations en déversant quantité d’armes entre les mains des délinquants. Il y a aussi l’arrivée de délinquants formés aux maniements des armes, aux techniques d’embuscades et qui disposent d’armes de guerres » Pour donc prendre le taureau par les cornes « le gouvernement a pris la mesure de la situation et en 2012 plus de 15 milliards de FCFA ont été mis directement dans le domaine de la sécurité » précise M. Bougouma.

Les organisations de la société civile, par la voix de Moussa Nombo, ont ponctué les débuts en dénonçant le piétinement de l’éducation, la formation et l’encadrement qui demeure, selon elles, une problématique fondamentale. « La société civile reste particulièrement préoccupée de la qualité de la formation de notre jeunesse aussi bien du point de vue académique qu’éthique : acquisition des connaissances dans les domaines du savoir, du savoir faire et du savoir être » Elles justifient son inquiétudes en témoignage de la crise qui a secoué le pays en 2011 et la crise universitaire de Koudougou comme le  signe du climat néfaste dans les espaces de formation. Dans la même optique, les OSC n’ont pas oublié la question du chômage des jeunes qui constitue un frein à leur intégration socio-économique. Sans négliger les efforts du gouvernements dans le domaine, les OSC précisent qu’il s’agit d’un phénomène dont l’ampleur et la taille du défis à relever troublent le sommeil de la plupart des  familles au Burkina, en ville comme d’une comme dans les campagnes. Et pour éviter un horizon sombre pour la jeunesse considérée comme l’avenir, les gouvernants ne doivent pas prendre la question à la légère. Ces préoccupations ont interpelé trois ministres à savoir celui de l’emploi, de  l’éducation nationale et des enseignements secondaire et supérieur. Pour Achille Tapsoba, en charge de l’emploi, la question de  l’emploi demande des réponses à deux volets : d’une part des réponses conjecturelles et de l’autre des réponses structurelles. Des réponses conjecturelles, il cite programme spécial de création d’emploi (PSCE) pour les jeunes et les femmes. Pour ce qui concerne les réponses structurelles, il s’agit de la formation professionnelle. Ce qui veut dire la création de centres de formation professionnelle. Car dit-il, l’une des raisons du chômage est l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi. Quant à la question de la qualité de l’éducation, le ministre Koumba Boly s’explique à deux niveau. Dans la politique de la réforme du système éducatif,  la qualité rime d’abord avec celle des enseignants. Ces derniers ont donc vu leur formation passé d’un (1) an à deux (2) ans. Dans  les dix (10) prochaines années, on va assister au recrutement « des enseignants avec le niveau baccalauréat » a-t-elle précisé. Quant au ministre des enseignements secondaire et supérieur, il a laissé entendre que le « président du Faso a bien voulu donner sept (7) pavillons » aux universités publiques du Burkina dont deux à l’Université de Ouagadougou, deux (2) à Ouaga II, deux (2) à l’Université Polytechnique de Bobo, et un (1) à l’Université de Koudougou. Par rapport à la crise que traverse cette université le ministre Ouattara a précisé que les acteurs de vie universitaire de Koudougou ont procédé à un allègement des sanctions et permettant ainsi aux étudiants qui sont concernés de pouvoir se réinscrire sur le territoire national. (Ils peuvent désormais s’inscrire dans les universités privées) « Il n’y aura donc pas de refus catégorique » a-t-il dit. 

 

 

«L’Etat peut parfois même être totalitaire»

Au regard de ce qui se passe sous d’autres cieux où les peuplent exigent une gouvernance intègre, les OSC ont appelé au respect de l’Etat de droit et de la démocratie quels que soient les évènements et les circonstances. Le président du Faso n’en dit pas le contraire. « Il faut qu’aujourd’hui nous puissions rentrer dans l’Etat de droit » a-t-il dit. Ce ne peut se faire sans un peuple aussi conscient. D’où ces propos du président Compaoré : « nous voulons une République où les hommes sont véritablement des citoyens » Pour le président du Faso, les Burkinabè ont mené  ensemble un parcours difficile ces dernières années. La force ayant permis de traverser ces moments repose sur «le capital humain » qui a connu une certaine valorisation. Il a certainement reconnu que cela ne sait pas fait quelque part sans primer certaine couche de la société en témoigne ces propos : « l’Etat peut parfois même être totalitaire. Mais cela est mieux que son absence » En tout, le forum était de l’intérêt du président de comprendre beaucoup de choses au point de se rappeler certains moments des luttes estudiantines. Je me rappelle en 1968 ce slogan des étudiants : « soyons réaliste, demandons l’impossible » Blaise Compaoré reste alors conscient des revendications concernant l’emploi. « Plus vous mettez des diplômés sur le terrain, plus il faut trouver du travail » a-t-il dit. Et d’ajouter : « nous allons accélérer la création d’emplois » invitant aussi chaque ministère à faire de cette équation une préoccupation dans leurs programmes respectifs.

Basidou KINDA    



09/11/2012
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